L’émergence des partenariats novateurs : PROMESSES ET RETOMBÉES

Par Jean-François Cyr

L’Oncopole, figure d’une nouvelle réalité

Le Fonds de recherche du Québec-Santé (FRQS), en collaboration avec la multinationale Merck, a annoncé en février la création de l’Oncopole, une structure « légère » et « proactive » qui vise à rassembler les différentes forces du gouvernement et celles des centres de recherche et de mé- decine clinique. Cette nouvelle entité est en fait la figure d’une ère nouvelle dans le monde de l’industrie pharmaceutique.

Au cours de la dernière année, une cinquantaine d’experts ont été appelés à collaborer afin de déterminer les priorités dans le milieu de la lutte contre le cancer. Certes, il existe au Québec une grande variété de ressources et d’infrastructures disponibles. Le mandat premier de l’Oncopole est de consolider cesforces en présence.

Le constat

La création de l’Oncopole est issue d’un constat fait par le directeur scientifique du FRQS, le Dr Renaldo Battista.

« Une chose qui m’a frappé à mon arrivée au FRQS, en juillet 2012, c’est que dans plusieurs domaines, dont l’oncologie, la recherche est de pointe. Cela dit, cette recherche se faisait de façon morcelée dans beaucoup d’équipes à travers le Québec. Dans certaines provinces, comme la Colombie-Britannique et plus récemment l’Ontario, on avait réussi à unifier les forces en oncologie. Il était donc nécessaire d’arriver aussi à plus de cohésion chez nous, de façon à ce que le Québec excelle encore davantage au plan international. Je m’étais dit que l’arrimage de tout ça, ce serait vraiment un beau projet. Le problème à ce moment était de trouver le financement. En 2012, le Québec était en période de restrictions budgétaires. Le contexte général n’était pas très favorable… »

Une rencontre déterminante

Dr Renaldo Battista
Directeur scientifique
Fonds de recherche du Québec-Santé

En juin 2015, certains membres du FRQS, dont le Dr Battista, ont rencontré par un concours de circonstances le ministre de la Santé Gaétan Barrette, le scientifique en chef du Québec Rémi Quirion ainsi que des représentants de Merck lors de la Convention internationale BIO, aux États-Unis.

« Pour diverses raisons, une bonne connexion s’est établie entre les gens de Merck, le ministre, M. Quirion et les gens du FRQS. Nous avons alors manifesté le désir de travailler ensemble sur un projet rassembleur. Mon idée qui avait germé en 2012 a refait surface. Nous étions d’avis qu’il fallait développer quelque chose en oncologie. J’ai alors indiqué que ça prenait du financement. Merck a par la même occasion exprimé son intérêt à collaborer à un tel projet de coconstruction. »

Toujours d’après le Dr Battista, la mission de l’Oncopole se déploie en quatre volets : la création d’une meilleure synergie dans le domaine de la recherche en oncologie ; la commercialisation ; la pertinence clinique ; puis la  formation des étudiants, des chercheurs et des spécialistes.

« L’Oncopole n’est pas une structure physique, un endroit. C’est un projet de concertation sur un certain nombre d’activités qui existent déjà. La partie opérationnelle se met en place en ce moment (on vient de nommer Stéphanie Lord-Fontaine au poste de directrice générale de l’Oncopole). Je dirais que le modèle de l’Oncopole est assez novateur. Il attire d’ailleurs énormément l’intérêt des intervenants du milieu. Ce qui m’amène à penser qu’il pourrait être ré- pliqué dans d’autres domaines de recherche. Par exemple, les neurosciences, le domaine cardiovasculaire, la génomique et même la réadaptation. »

Un impact sur la formation ?

Selon M. Battista, tout reste à faire pour ce qui est de l’implication éventuelle de l’Oncopole dans la formation au Québec. Malgré le fait qu’il soit encore trop tôt pour déterminer quel sera exactement le rôle de l’Oncopole dans ce domaine, le Dr Battista est convaincu qu’une meilleure cohésion entre les équipes de la recherche et de la pertinence clinique et celles dédiées davantage à la commercialisation favorisera de nouvelles interventions dans le monde universitaire. « Une meilleure synergie entre ces activités va certainement créer des occasions de formation de plusieurs types. On pourrait penser à des bourses de stagiaires. Par exemple, le FRQS investit déjà 40 % de ses ressources globales dans des programmes de formation universitaire. On a aussi un programme de chercheurs boursiers, qui permet de compenser le salaire de personnes qui désirent démarrer une carrière dans une université ou un centre hospitalier que l’on finance. »

« Dans le cas de l’Oncopole, on pourrait facilement annoncer que certaines bourses de chercheurs seraient spécifiquement dévolues au domaine de l’oncologie. Il y aurait moyen, très rapidement, de créer une masse critique de personnes en formation qui pourraient être installées dans des centres de recherche participants, que ce soit à Sherbrooke, à Québec ou à Montréal. Les possibilités sont grandes, car ces centres œuvrent dans le milieu de l’oncologie. »

Selon lui, il n’est pas exclu que des bourses soient aussi offertes à des étudiants voulant effectuer des stages en entreprise privée. « Il faudrait juste évaluer les besoins des pharmaceutiques, dont le modèle d’affaires est en pleine mutation. Merck, par exemple, a fermé un centre de recherche. Il semble que les compagnies soient dans un modèle d’impartition. D’où l’intérêt de resserrer les liens avec les centres de recherche hospitaliers, entre autres. »

De l’avis du Dr Battista, l’Oncopole arrive dans un univers en pleine transformation. De plus en plus d’activités de recherche sont notamment imparties dans des lieux universitaires. « Et puisque l’ensemble de la chaîne de fabrication du médicament doit être consolidé, l’Oncopole trouvera beaucoup à faire au cours des prochaines années. En fait, il y aura des occasions de formation partout à travers le développement de l’Oncopole. J’ai mentionné la recherche, mais il y a aussi la commercialisation et la pertinence clinique. On sait qu’il existe des besoins… »

Le soutien de Merck

La mise de fonds de 15 millions de dollars de la part de Merck servira à enclencher le projet pour les trois premières années. Or, l’horizon du projet est 2025, selon le Dr Battista. Il est donc incontournable que la direction de l’Oncopole puisse trouver d’autres fonds. « C’est un projet en mouvement, qui nourrit beaucoup d’intérêt, autant chez les entreprises privées, que chez différentes fondations. Il y a également eu des pourparlers avec le gouvernement du Québec, dont le ministère de la Santé puis le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation. J’ai bon espoir que nous pourrons augmenter les contributions au cours des prochaines années. »

Certes, la multinationale pharmaceutique Merck recherche la profitabilité. Toutefois, dans le cas de l’Oncopole, il semble que le géant n’ait pas de visées mercantiles. Le Dr Battista insiste sur le fait que le géant n’a pas investi afin de promouvoir ou de vendre ses propres produits. « Il n’y a pas de promotion ni de velléité de proprié- té intellectuelle. Tout ce qui va sortir de l’Oncopole fera partie du domaine de la propriété intellectuelle universitaire. »

« Il est certain que cette compagnie, qui est impliquée dans une multitude de pays, est très enthousiaste de participer à une exploration qui vise à améliorer les systèmes de santé sur la planète, poursuit-il. Merck a donc identifié des pays, ou des régions, où elle désire investir pour développer de nouveaux modèles dans les domaines de la recherche. Le Québec a été retenu par la compagnie en raison de la taille relativement petite de sa population (huit millions de personnes). Deuxièmement, ce choix s’explique par la très grande qualité de nos chercheurs. Finalement, le Québec a une tradition de collaboration établie dans plusieurs domaines de recherche en santé. En plus, le dialogue est sain entre les chercheurs, les dirigeants d’entreprises et les décideurs politiques. Pour Merck, c’est très précieux. »

Les prochaines années seront déterminantes pour l’Oncopole. Ses dirigeants devront faire la démonstration qu’il peut ajouter de la valeur à ce qui existe déjà dans le milieu de la santé au Québec. Ils devront surtout trouver d’autres partenaires, à l’instar de Merck.

Le FRQS

Le Fonds de recherche du Québec-Santé (FRQS), qui chapeaute le projet de l’Oncopole, est un organisme à but non lucratif. Il soutient la recherche. Il a un budget annuel d’environ 100 millions de dollars qu’il investit notamment dans divers travaux de chercheurs et dans la formation universitaire (maîtrise, doctorat et postdoctorat). Le FRQS octroie 300 subventions à des milliers de chercheurs et d’étudiants. Il finance aussi 17 centres de recherche et 20 réseaux. Il a par ailleurs le mandat de faire rayonner les travaux des chercheurs québécois à l’international. De cette enveloppe de 100 millions de dollars, le FRQS investit entre 12 et 14 millions de dollars en oncologie, chaque année.

Le coup de main de Merck

Jennifer Chan
Vice-présidente Politiques santé et
Merck Canada

Merck est une société américaine qui emploie plus de 65 000 personnes. Elle est l’une des cinq plus grandes pharmaceutiques dans le monde. Bien qu’elle soit impliquée dans plusieurs pays, c’est au Québec qu’elle a choisi d’injecter des fonds dans la création d’un pôle québécois spécialisé.

« Dans l’industrie, on doit miser sur les partenariats public-privé, qui sont devenus incontournables. On ne peut plus travailler en silo. »

« L’Oncopole va d’abord mettre ses énergies dans la lutte contre le cancer, explique Jennifer Chan, vice-présidente Politiques santé et communications, chez Merck Canada. C’est un domaine dans lequel nous [l’entreprise Merck] avons beaucoup d’engagements en recherche pour trouver de nouvelles thérapies. Il y a quelques années, nous avons collaboré avec le FRQS sur un projet national qui s’appellait la Stratégie de recherche axée sur le patient (SRAP). Ce fut une très belle expérience qui nous a permis de construire une belle relation de partenariat avec le FRQS… »

« Nous avons réalisé que les expériences et les capacités générales du FRQS étaient alignées avec nos objectifs qui visent à créer de la cohé- sion entre tous les acteurs dans le milieu thérapeutique de l’oncologie. Tous les axes priorisés chez nous – l’entrepreneuriat, l’innovation et la formation – correspondaient au projet du FRQS, à savoir l’Oncopole. »

Selon Jennifer Chan, la recherche effectuée en entreprise doit être bonifiée par celle faite hors de son enceinte, particulièrement ces années-ci. « Dans l’industrie, on doit miser sur les partenariats public-privé, qui sont devenus incontournables. On ne peut plus travailler en silo. On doit travailler avec tous les acteurs dans l’écosystème, notamment les milieux universitaires et les centres de recherche hospitaliers. »

« Par la même occasion, il faut trouver des investisseurs qui vont aider à développer de nouvelles molécules, de nouvelles thérapies qui avanceront jusqu’au stade des essais cliniques. Après, il faut travailler avec différents organismes et les gouvernements, surtout l’INESSS [Institut national d’excellence en santé et en services sociaux], pour s’assurer que ces innovations peuvent répondre à un besoin dans le milieu de la santé. »

Une compétitivité globale

Tout comme le FRQS, les membres de la direction chez Merck sont d’avis qu’il faut rendre les soins de santé en oncologie au Québec parmi les meilleurs au niveau mondial en termes de résultats cliniques, d’expériences du patient et d’efficience du système. Grâce à la création d’un écosystème québécois plus efficace, les multinationales comme Merck, qui cherchent à faire des profits, espèrent améliorer leurs résultats dans le domaine de la recherche. Puisque la mondialisation sous-entend l’ouverture des marchés, les chercheurs doivent être de plus en plus spécialisés et performants. De là cette idée de niche québécoise en oncologie, comme l’Oncopole.

Un Québec à la fine pointe

La principale raison qui incite les entreprises comme Merck à travailler avec des organismes comme l’Oncopole est la compétition globale, selon Mme Chan.

« On cherche des gens hautement qualifiés qui font un travail bien encadré. Pour attirer des investissements dans l’industrie pharmaceutique, nous devons déterminer quel pays [ou territoire] est capable d’adopter les innovations dans leur système de santé. L’avantage du Québec, c’est la qualité de ses chercheurs et cette volonté gé- néralisée de travailler ensemble pour rivaliser afin d’obtenir des investissements majeurs. Le Québec se démarque dans le domaine du cancer. »

« Ce fut également très encourageant d’entendre le ministre de la Santé Gaétan Barrette déclarer qu’il voulait que le Québec soit un leader dans la recherche, le développement et l’intégration des innovations, surtout dans le domaine de l’oncologie. »

Un bon départ

Merck souhaite que son investissement de 15 millions de dollars soit un « catalyseur » pour l’Oncopole. Mais de toute évidence, ses dirigeants sont conscients que l’organisme devra s’allier à d’autres partenaires pour la pérennité du projet.

Au dire de Jennifer Chan, Merck ne souhaite pas de retombées financières directes découlant de son appui à l’Oncopole.

« Nous voulons participer à l’accélération de la recherche dans la lutte contre le cancer. Ultimement, cela pourra améliorer la qualité de vie des patients. Nous aimerions aussi que ce modèle puisse éventuellement s’appliquer à d’autres champs thérapeutiques. »

D’autres partenariats

Depuis cinq ans, divers partenariats public-privé sont en éclosion. À vrai dire, tout converge vers ces alliances nouveau genre. En fait, il semble que ce modèle de collaboration porte déjà fruit. Afin de mieux saisir l’émergence de l’Oncopole, il est bien de poser un regard sur les corridors Québec-Ontario et Québec-Massachussetts, suivis de près par le Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM).

Une solide collaboration interprovinciale

Diane Gosselin
Ph. D., MBA, ASC
Présidente et directrice générale
CQDM

Le corridor Québec-Ontario, empreint d’une volonté politique des gouvernements des deux provinces, a vu sa première action concrète prendre forme en juin 2012. L’objectif de ce partenariat est de maximiser les ressources en sciences de la vie en s’appuyant sur la réputation de l’industrie des deux territoires. Au départ, on souhaitait que cette initiative stimule l’apport de nouveaux investissements et la création de nouveaux emplois. De façon générale, le corridor pourrait mener à des partenariats en recherche, en innovation et en commercialisation de produits biopharmaceutiques. « À l’époque, l’arrivée de ce corridor était importante, explique la présidente et directrice générale Diane Gosselin.

Mais les deux gouvernements avaient annoncé sa création sans mettre des sommes d’argent. Le défi était donc de trouver de l’investissement, qui aurait augmenté son efficacité. D’ailleurs, une aide gouvernementale est toujours souhaitée en 2017. Malgré tout, le CQDM a saisi cette occasion pour trouver des partenaires ontariens. Pour y arriver, on a travaillé avec MaRS Innovation, l’Ontario Brain Institute et les Centres d’excellence de l’Ontario, qui finançaient la partie ontarienne. Bien que nous aurions eu besoin de davantage d’argent, le CQDM a développé des liens solides avec l’Ontario. Jusqu’à maintenant, il a financé 12 projets de recherche. Cela inclut 220 chercheurs, y compris des étudiants. »

« Le meilleur exemple est le projet Encycle, soutenu par l’Université de Toronto et l’Université de Sherbrooke. Il visait à développer une plateforme chimique de synthèse de macrocycles [qui pourraient servir de sonde pour les interactions protéine-protéine], des molé- cules particulières très recherchées dans l’industrie pharmaceutique. Nous avons développé ce projet avec quatre sociétés pharmaceutiques, qui ont beaucoup aimé cette technologie. Ensuite, celles-ci ont créé des partenariats au-delà du projet de recherche, qui est terminé depuis un moment. »

Le budget était d’environ 1 million de dollars et a impliqué directement 11 travailleurs.

Le CQDM est aussi fier du projet de recherche avec la compagnie Kalgene, qui a travaillé sur une molécule servant de véhicule pour amener le médicament au cerveau dans le cas de la maladie d’Alzeimer. C’est un projet de 2,6 millions de dollars qui implique notamment l’Université McGill. Il emploie jusqu’à maintenant 25 personnes. La compagnie est d’ailleurs sur le point de démarrer des essais cliniques.

« Bien que nous aurions eu besoin de davantage d’argent, le CQDM a développé des liens solides avec l’Ontario. Jusqu’à maintenant, il a financé 12 projets de recherche. Cela inclut 220 chercheurs, y compris des étudiants. »

Une petite déception

Le corridor Québec-Massachussetts (lire notre article paru en juin 2013), quant à lui, connaît des jours moins glorieux. Rappelons que le Massachusetts Life Sciences Centre (MLSC) et le CQDM avaient commencé à travailler ensemble afin de favoriser le développement de nouveaux produits ou processus destinés à la commercialisation d’un côté ou de l’autre de la frontière canado-américaine. Les organisations des secteurs des biotechnologies, des pharmaceutiques, des technologies médicales et de la bio-informatique pouvaient soumettre des projets de collaboration. L’objectif principal : favoriser le dé- veloppement économique tout en consolidant les emplois.

« Le corridor Québec-Massachussetts a profité, mais il n’a pas eu l’envergure escomptée, indique Mme Gosselin. Le MLSC, qui est une organisation gouvernementale ayant un très bon budget pour financer la recherche pharmaceutique, a subi des changements depuis le dé- but de notre collaboration. Finalement, nous avons seulement développé deux projets (dont celui de l’entreprise montréalaise Biospective) de recherche avec le MLSC. C’est assez peu. Il faut spécifier que l’organisme, à un moment donné, avait épuisé ses fonds et a dû renégocier une nouvelle entente budgétaire, et ce, avec un nouveau gouverneur en poste. Le MLSC a dû réévaluer son champ d’activités. Dans ce contexte, le genre de recherche que l’on finançait avec l’organisme n’était plus une priorité… » « Dès que l’occasion se représentera, nous allons tenter de développer d’autres projets, renchérit la directrice générale du CQDM. On n’a pas tout perdu. On a créé des liens importants. Nous attendons seulement un climat plus favorable. »

La voie du futur

Malgré les difficultés des dernières années, Diane Gosselin envisage avec optimisme l’avenir de l’industrie pharmaceutique québé- coise. « Durant un certain temps, il existait beaucoup d’entreprises biopharmaceutiques. C’était florissant. Depuis, les compagnies se sont grandement retirées du domaine de la recherche précoce. Ce fut une tendance lourde partout dans le monde. Ça semble un peu morose. Mais les choses ont évolué… »

« Les compagnies ont développé un nombre important de partenariats avec les universités et d’autres types d’entreprises. C’est la voie du futur. L’Oncopole est un bon exemple. Merck a quand même mis 15 millions de dollars dans le projet pour inciter les chercheurs à travailler entre eux. Tout cela va nécessairement engendrer des résultats positifs.

Regard | Juin 2017